Taxis volants : Non aux « Volocity » à Paris pendant et après les JO !
Les taxis volants ne prendront pas de clients pendant les Jeux olympiques, mais des vols gratuits seront réservés aux VIP. Cette expérimentation vise à installer de manière pérenne les « Volocity » dans le ciel de Paris dès 2025. Une première dans le Monde !
Au vacarme des gros-porteurs qui survolent déjà allègrement la capitale va s’ajouter le bourdonnement intempestif des « Volocity » pendant et après les Jeux olympiques 2024.
Une première dans le monde ! La France ouvre le bal. En 2025 les taxis volants feront partie du paysage des Parisiens, puis ils se déploieront en région et à l’étranger.
Reprenons le feuilleton de ces scènes futuristes dignes du « Cinquième élément » que l’on veut nous imposer quoiqu’il en coûte.
Volocopter, le fabricant et exploitant du « Volocity », ne devrait pas recevoir avant l’automne la certification européenne qui devait lui être délivrée vers le mois de mai 2024. Suite au crash du prototype de taxi volant de l’américain Joby Aviation lors d’un vol d’essai en Californie, le 16 février 2022, les autorités de certification aux Etats-Unis (FAA) et en Europe (Aesa) ont renforcé leur niveau d’exigence.
La firme allemande ne pourra donc, comme cela était prévu, proposer des circuits touristiques au-dessus de Paris et l’Ile-de-France moyennant un ticket de 110 euros par course. On a échappé à la fête à Neuneu au-dessus de la capitale ! Provisoirement.
Compte tenu des risques d’attentat, ce retard à l’allumage n’est pas pour déplaire aux hommes gris des services du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Défense en première ligne pour protéger la population.
Notons que le « Volocity » ne peut accueillir qu’un passager, sans bagage, assis à côté du pilote. Une innovation plutôt ratée pour un taxi volant qui a pour objectif de se substituer aux taxis classiques auprès de voyageurs à l’arrivée des aéroports.
Crédits : Hubert Blatz - "VoloCity va casser les oreilles des Parisiens de manière pérenne dès 2025"
Parader devant les caméras du monde entier
Les JO sont une fabuleuse vitrine médiatique pour Volocopter. Malgré l’absence de certification, la société allemande souhaite faire voler ses drones biplaces devant les caméras du monde entier.
« Si l’on est capable de voler à Paris, on peut voler dans toutes les villes du monde », expliquait Dirk Hoke, le PDG de Volocopter, lors d’une rencontre organisée le 4 avril avec l’Association des journalistes professionnels de l’aéronautique et de l’espace (AJPAE).
Comme nous l’expliquions dans notre article du 16 février dernier, des dérogations seront accordées pendant les JO. Une brèche dans laquelle va devoir s’engouffrer Laurent Nunez, le préfet de police de Paris, pour autoriser ces vols expérimentaux.
Tapis rouge pour le « Volocity ». Il devrait y avoir trois à cinq vols par jour, qui seront surtout destinés à faire des photos avec le président Macron, des personnalités politiques ou du show-biz, des sportifs de haut niveau, des capitaines d’industrie…
En effet, ce ne seront que des « happy few » triés sur le volet qui pourront embarquer gratuitement à bord de ces nouveaux joujoux, énergivores et bruyants (70 décibels à 150 mètres d’altitude) afin de parader ou d’éviter les embouteillages.
« Les personnalités ne seront pas plus épargnées que d’autres passagers par d’éventuels accidents techniques lors de ces essais, fait remarquer Françoise Brochot, Présidente d’Advocnar, l’Association de défense contre les nuisances aériennes. Elles pourront aussi être la cible d’actes terroristes. »
Patrice Vergriete va-t-il imposer un vertiport face à Bercy ?
A moins de 100 jours des JO, Patrice Vergriete, le nouveau ministre des Transports, va-t-il donner le feu vert à la construction d’une hélistation quai d’Austerlitz alors que le commissaire enquêteur a rendu un avis défavorable ?
Ce vertiport est-il bien nécessaire alors qu’il est annoncé trois à cinq vols par jour ?
L’installation de cette barge sur la Seine se heurte à l’opposition à l’unanimité des élus de Paris, au refus du maire du XVème arrondissement, au veto des maires des communes limitrophes, des associations de riverains et des associations de défense de l’environnement. La Fédération Nationale de l’Environnement a d’ores et déjà mis une pétition en ligne. L’Association de l’Environnement (AE) a, quant à elle, émis de nombreuses réserves.
Mais il semble que les enjeux économiques soient plus puissants que toutes considérations relatives à l’environnement, au bien-être et à la tranquillité de la population.
Groupe ADP (Aéroports de Paris), le gestionnaire des aéroports parisiens, est partenaire de Volocopter. Son directeur général exécutif, Edward Arkwright, ne cache pas vouloir « promouvoir une aviation offrant de nouveaux services et de nouveaux usages. »
ADP a choisi l’aérodrome yvelinois de Saint-Cyr-l’Ecole comme l’une des plaques tournantes des VTC du ciel. Des travaux ont été entrepris en dépit des protestations des riverains qui sont vent debout contre ce nouveau flux d’aéronefs.
Trois liaisons seraient mises en place : entre l’héliport d’Issy-les-Moulineaux et l’éventuel vertiport de Paris-Austerlitz, entre Issy-les-Moulineaux et Saint-Cyr-l’Ecole et entre l’aéroport d’affaires du Bourget et Roissy-CDG.
ADP estime à environ 12 millions d’euros l’enveloppe pour l’ensemble des vertiports franciliens. On se doute que ces nouvelles constructions ne seront pas destinées à la casse après les Jeux olympiques. Elles serviront de base pour les expérimentations de Volocopter qui, avant la fin de l’année, devrait obtenir sa certification européenne.
L’ACNUSA exige un cahier des charges de l’expérimentation
Le collège de l’ACNUSA s’échine à se faire entendre. Il exige qu’un cahier des charges soit établi afin d’établir les critères de l’expérimentation et permettre de réaliser une évaluation dans les règles de l’art.
« Il s’agit d’un nouveau mode de transport public urbain par voie aérienne qui va se développer sur l’ensemble de la France. Il serait logique que ce soit aux autorités organisatrices de transport de décider ou pas d’ouvrir des services de taxis volants. La DGAC devrait essentiellement avoir pour rôle de fixer les routes aériennes et assurer la sécurité », répète inlassablement Gilles Leblanc dont le mandat expire le 12 avril prochain… sans successeur nommé à ce jour à la tête du collège.
Sagesse, innovation et business ne font pas toujours bon ménage.
Dans ce contexte de Far West aérien, la société d’Outre-Rhin espère se tailler la part du lion d’un marché estimé par l’AESA à 4 milliards d’euros d’ici 2030. Après avoir levé 250 millions d’euros, elle prévoit de boucler une seconde levée de fonds de 500 millions d’euros.
Après le lancement des Volocity à Paris dès 2025, Volocopter ambitionne d’occuper le ciel de Rome, New-York, Singapour, Osaka, l’Arabie Saoudite...
The Sky Has No Limit!
*Corine Moriou est journaliste indépendante, grand reporter
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